samedi 2 octobre 2010

Pas même en échange d'une fortune...

Ce matin (bon en fait hier matin mais j'ai corrigé mes milles fautes ce matin, le vrai), à peine réveillée, mon café à la main, dans la cuisine, j'écoute, je regarde. Mon Minou et Boulette-Bolide sont en train de tremper leurs biscuits dans le lait et sont lancés dans une grande conversation pour savoir comment « descend » la nourriture de l'estomac. Mon Minou sait. Bolide tente de deviner mais il confond avec une autre tuyauterie, celle qui permet de ne pas s'étouffer à chaque fois qu'on avale un morceau. Il raconte qu'il faut tousser quand un aliment a pris la mauvaise route et hop, ça revient dans le droit chemin. Tous les deux me regardent pour savoir si c'est bien comme ça que ça se passe. Oui, mais ce n'est pas tout à fait la réponse à la question. Mon Minou explique alors comment de super muscles travaillent 24h/24, sans arrêt, sans faire grève, pour permettent à nos restants d'aliments de traverser les cinq à six mètres d'intestin. Je me régale. Petit miracle quotidien du rien de particulier. Après c'est la course, crème solaire, laver les dents, filer à l'autobus et moi re-café-papote. Crème solaire ? Oui madame et toute l'année. Non seulement ici le soleil cogne à toute heure et en toute saison mais en plus j'ai attrapé une phobie du cancer de la peau et je trouve criminel de laisser des enfants dehors en plein cagnard sans casquette, sans crème et sans lunette de soleil. Or, je vois cela souvent. J'ai honte pour nous. Voilà, petite crise de morale. Pouf pouf.

Après le (re)café, le quotidien beaucoup moins miraculeux et toujours aussi chargé reprend. J'ai pourtant d'excellentes motivations pour travailler à mes « vraies » écritures, réflexions, etc. Je ne veux rien savoir ce matin de mes rideaux et autres urgences que j'ai enclenchées depuis la France quand j'y étais (on en parlera plus tard). Tranquille, vélo, plan pour éviter de me perdre, centre-ville. Je veux commencer par trouver mon chemin pour aller à cette fameuse piscine qui fait aussi centre multi-sport. Pas simple car il faut contourner la gare par des avenues énormes sans piste cyclable. Je roule le plus possible en vélo en espérant que ce soit moins dangereux que la voiture (voir « Suspens »). Comme à Paris, il y a des « bici » à louer partout et de plus en plus d'aménagement. Si jamais je roule sur le trottoir les piétons se poussent et s'excusent. Je n'en reviens pas. Mais là, bof. Et quand j'arrive, je ris jaune. Quelle est cette société de dingues ? Des dizaines et des dizaines de personnes en train de pédaler sur une machine face à rien ou de courir dans le vide sur un tapis roulant. Je sais bien que ça existe partout et depuis longtemps. Je n'en avais pourtant jamais vu autant d'un coup. Tout près, il y a un immense parc qui entoure la ville, c'est l'ancien lit du fleuve, il va jusqu'à la mer. On peut y courir gratos. Pour les forcenés, rien n'empêche de s'offrir une montre qui mesure les pulsations et tout ce qui va avec pour savoir dans quelle catégorie de championnat on se trouve. Dehors, il pleut trois jours par an et dans « el rio » (le lit du fleuve), il y a de l'ombre. Pas trop en été, d'accord. Mais là si. Je note les prix de la piscine (pour l'hiver) et je m'enfuis.

Toujours en bici, j'arrive à l'institut français, pensant m'installer avec mon boulot à la cafet. Mais je suis attirée par la médiathèque. Superbe. Accueil très sympa. J'ai envie de tout emporter. J'inscris les enfants mais je peux prendre des livres sur leurs cartes et j'en profite. Gloups, pas trop car je dois aller chercher tous les nouveaux lives de classe de Bolide. Bon, j'en prends un après moult hésitation. Finalement à la cafet, l'ambiance ne me plaît pas et je remonte sur mon fidèle destrier. L'air de rien, j'ai déjà traversé le centre ville et suis dans les faubourgs. Je suis passée devant la grande bibliothèque, le musée d'art moderne, la basilique, le conservatoire et j'ai déambulé dans les petites rues plus ou moins propres de V. C'est un grand progrès depuis le début, non ? (voir « Tu peux le croire ? »). A la librairie scolaire, mon gros paquet est prêt. On dirait que tout roule pour le moment, non ? Même « l'almuerzo » est parfait. Il est presque midi et je commence à avoir faim, comme tout le monde. C'est l'heure de l'almuerzo : ni le déjeuner (vers 14h), ni le petit déjeuner mais entre les deux. A G., les gens prennent un café au lait avec un petit gâteau alors qu'ici, on mange des tapas ou des petits sandwitchs (attention, dire bocadillo quand on veut avec la baguette sinon c'est au pain de mie, faut suivre). J'ai choisi des oeufs brouillés aux choziro avec des des courgettes et des asperges. J'adore cette ambiance.

Re-vélo. Re-rio. Re-monter-descendre. Je passe devant le musée des beaux arts qui affiche « du visible à l'invisible », il faut que j'y aille. Ceux qui me connaissent savent que l'invisible, et pourtant souvent très matériel, m'intrigue énormément au point d'en faire un sujet de recherche depuis une vingtaine d'année. Il s'agit en deux mots de comprendre comment notre quotidien, environ 98% de notre temps, passe sans qu'on ne s'en rende compte. Sauf, et c'est la nouveauté des blogs et autres internèteries, à raconter publiquement ce qu'il nous arrive. Mais, peut-on tout dire ? C'est idiot, indépendamment de toute considération de droit, d'intérêt ou de pudeur. Ce serait plutôt comme tenter de dessiner une carte à l'échelle de 1:1, nouvelle hilarante d'Umberto Eco écrite à partir d'une proposition de Borges. Mais même là, en dehors de blogs sur le tricot et d'autres blogs féminins, on y parle de choses sérieuses (ou cochonnes). Et c'est tant mieux, ainsi sommes-t-on dans nos contrées raisonnantes. Alors comment cerner l'invisible de notre quotidien ? Il est là. C'est, je crois, mon histoire de ce matin avec mes deux petits nounours. Cette attention bienveillante, inutile, paresseuse, que je leur donnais sans même m'en rendre compte. Avez-vous remarqué comment on écrit « compte » ? Et bien non, ce n'est justement pas une histoire de sous ou alors c'est ce qu'on appelle la peau des fesses, ces moments qui n'ont pas de prix et qui sont légions quand on y prête un léger regard, une oreille distraite et un vague toucher. Et parfois que l'on rapporte à travers un mini-conte... Mais ce n'est souvent pas nécessaire. Juste de le dire, de reconnaître le regard, le sourire, le merci ou le bizou ou encore le c'est chouette.


Pas même une fortune en échange de ces instants...


Pour en revenir à mon circuit, je traverse maintenant le jardin royal où un autre conte se déroule : des enfants et leurs maîtresses déguisées en pirates cherchent un certain Ramon. On me laisse passer car il faut faire très attention aux chevaux bien sûr. Je ne me trompais donc pas en parlant de destrier. J'arrive à une autre destination, celle des pilates (et non des pirates). Je cherche vraiment un endroit pour me maintenir en forme, on dirait ! Pilates, je ne connais pas encore mais il paraît que c'est très bien pour renforcer ses muscles sans trop tirer dessus. C'est aussi très cher dans ce quartier près du jardin royal, là où existent encore des hôtels particuliers. En revanche, le coiffeur est à dix euros et j'en profite. Il me reste une dernière course. Le British Council, dans le même quartier. On se rapproche de mes objectifs. Ça fait un mois qu'on a emménagé et je vais peut-être, enfin, commencer l'anglais... Mais, l'ambiance n'est pas top et la bibliothèque est à moitié vide. Ce n'est pas très alléchant. Je dois aller faire un test de niveau la semaine prochaine, on verra. Si ça se trouve, sport et anglais, je le ferais dans mon quartier, finalement le meilleur de V. comme nous le répète Adèle depuis le début.

Enfin (pour la matinée), je retrouve Carlota, ma voisine en or (elle a arrosé nos plantes tout l'été, elle est sympa, simple, facile et a beaucoup de goût), pour prendre notre petite bière du vendredi. Le temps passe vite. Je crois avoir ouvert mon livre environ un quart d'heure, entre les courgettes et le chorizo. Estimation approximative. En fait, je stresse car les rideaux doivent venir à trois heures. Je traîne. Promis, dès que je n'en entends plus parler je me fais les ongles de pied.

Ils (les rideaux) arrivent. Se sont légèrement arrangés : sur la même tringle, l'un est plus court que l'autre pour une raison parfaitement inconnue sauf que c'est la faute au tissu (ben oui bien sûr), c'est immonde. Deux autres ont gardé leurs ondulations catastrophiques que je n'arrive toujours pas à faire passer pour du vintage ou à les trouver "trop choux" pour mon salon. Il en reste quand même deux à peu près correct. Si on aime. Je ne veux plus en entendre parler. Je referais. J'en ai profité pour apprendre comment on reconnaît la soie naturelle du synthétique, merci Gérard (mon compagnon de fortune au plus fort des grèves... Françaises, faut pas se tromper - voir « Je veux rentrer chez moi, suite »). Encore une coïncidence. Gérard m'envoyait un mel au moment ou ce crétin d'homme aux rideaux tentait de me faire croire pis que pendre de mes sabras. J'ai ainsi pu m'instruire en direct car Gérard est un expert en textile. Mais combien tout cela va-t-il donc encore me coûter ? C'est une blague (pas l'expertise, le coût - pas le cou qui va mieux lui d'ailleurs... Me restent encore quelques séances de réhabilitation et je fais des exercices).

Nouvelle de dernière minute : je nous ai débarrassé de l'odeur de m... que l'on sentait depuis les toilettes. Du moins pour quelque temps j'espère. J'en parlerais peut-être bientôt, ça se passait pendant les rideaux aussi. Comme dit Marie : « Mais c'est pas vrai, tu cumules ! ». Plus important : Bolide connaît le nom de ses nouvelles maîtresses de CM1. Oui, il en a deux... Il commence lundi, ça c'est important, non ? Et Mon Minou adore le vendredi à l'école car la prof d'anglais est esstra, elle fait plein de jeux, et la poésie s'est bien passée même si mon distrait avait oublié son cahier.

On part demain fêter mon anniv... (aujourd'hui donc, faut que je m'habille, vite vite)

3 commentaires:

Sébastien Haton a dit…

Bé des gros bisous et un bon anniv' !

Je suis tes aventures mais je lis trop en diagonale, trop à faire et à lire ailleurs... Je me disperse mais j'arrive (à peu près) à tout contrôler pour l'instant.

Sébastien Haton a dit…

Je suis revenu, j'ai vu et j'ai relu ;))
Tes histoires me manquent un peu... En lisant un des premiers paragraphes, je pensais à un excellent dessin de Sempé : Un parking rempli de grosses voitures au premier plan devant un gymnase vitré dans lequel des dizaines de personnes suent sur des vélos sans roues...
Oui, ce monde est dingue, mais pas partout ;)
Bizz
séb

Liz a dit…

Wahou, quelle journée !
Au fait, c'est Garance =)