mercredi 8 septembre 2010

« Tu peux le croire ? »

On est mercredi 8. Nous voici à V. depuis deux semaines que je n'ai pas vu passer.

Hier, grève à l'école. Sans commentaire. M & B y vont quand même car le maître de M. fait classe et B. sera accueilli dans une autre classe, c'est toujours une expérience. Moi ça me laisse le temps de, enfin, faire quelques courses et, pourquoi pas, visiter un peu le centre ville de V. Nous habitons juste à la frontière du quartier le plus chic, d'un très populaire, de l'ultra-moderne et d'un de ceux les plus mal famés (enfin de réputation). Bien quadrillés nous sommes. Pour aller au centre il faut compter environ 10 minutes...

Hier donc, je sors accompagner les enfants à l'autobus. En fait, je cours derrière eux car ils sont déjà à l'arrêt alors que je vide encore ma poubelle de cartons (un par un, bon sang qu'elle est mal fichue la benne municipale des papiers). Je rejoins mes zouzous et leurs potes avec ma jolie poubelle vide d'ikéa grise, je salue les mamans et les papas, papote avec l'un et l'autre et m'en vais guillerette jusqu'au centre de santé dès l'autobus parti. Le centre de santé est pour les médecins espagnols ce que le chenil est aux chiens français. Je ne sais pas si on voit comment ça marche ? Pour se faire soigner, il faut être enregistré au centre de santé auquel on est affecté selon son adresse (il ne suffit pas d'avoir un numéro de sécurité sociale). Là, il y a un tas de médecins qui attend le chaland (c'est généralement plutôt l'inverse qui se passe car les rendez-vous sont pris environ toutes les 7 minutes). Pas n'importe comment : quand on s'inscrit, on vous assigne un médecin. Au hasard ? Je ne sais pas. Bref, m'en vais avec tous mes documents administratifs (on dit la France bureaucratique mais l'Espagne est très généreuse de ce point de vue) au centre de santé de notre quartier. J'ai appelé pour vérifier que c'était bien celui-là, c'est chouette, il est tout près de la maison, j'aurais le temps de faire tout ce que j'ai prévu. Pas de queue. La chance continue à me sourire. La dame de l'accueil est très gentille mais il manque les papiers d'Ernest. Dommage, nous dépendons tous de lui, il faudrait que j'ai au moins son passeport. « Pas grave », je dis, « je repasse, j'habite à côté ». Je repars, sans oublier ma poubelle, pour arriver en même temps que l'électricien (souci dans la maison, heu... l'appartement). Je règle d'autres paperasses pour mes remboursement de soins de la semaine dernière (autre type de système de santé - pas tout à fait privé mais pas publique non plus, on verra plus tard pour les explications) et retourne au centre. La queue cette fois. Longue. Demi-heure. Un monsieur me reçoit. Pas sympa. Il me fait ressortir tous mes documents, m'en demande d'autres, avide, fouille dans les siens et me regarde un peu pervers : « Vous ne dépendez pas de chez nous mais d'un autre centre ». « Quoi ? Mais j'ai appelé pour vérifier ! ». « Ah ben, votre rue c'est bien chez nous mais seulement les numéros pairs. Vous, vous êtes au numéro impair, c'est comme ça, faut aller là ». Et ce « là » là est à pétaouchnoque. Vraiment. Je râle mais ça ne sert qu'à rendre le cerbère encore plus bête. J'en pleure, je mets mes lunettes noires et traîne mon caddie (pour ne rien avoir à porter à cause de ma nuque endommagée - voir post précédent). Evidemment l'autre centre de santé n'est pas du tout du côté du centre ville mais plutôt du quartier mal famé. Bon, un peu de courage, c'est toujours bien de découvrir où on habite, même « à l'envers ». Je passe par les grandes avenues ultra-bruyantes, je ne quitte pas mon plan des yeux pour prendre le chemin le plus court, il fait une chaleur à crever (pas autant que le vendredi de notre arrivée où le thermomètre est monté à 44° mais tout de même). Je longe les murs pour rester à l'ombre, je ne suis pas la seule, la circulation est difficile même entre piétons.

J'arrive enfin à « l'autre » centre de santé. Immense. La queue ? Dans le doute, je préfère commencer par prendre un café, d'autant que j'ai un mal de tête de plus en plus fort. Petit troquet adorable, pinchos apétissants. Je choisis une tortilla aux poireaux avec mon café au lait. Bon d'accord, c'est un peu spécial. Tant pis. Et là, près de « mon » centre de santé, je jouis d'une demi-heure de pur bonheur : je travaille ! C'est vrai, je peux enfin respirer et lire ce bouquin génial que je dois résumer pour la semaine prochaine (tiens, ça m'a réveillé cette nuit) à notre réunion Lilith (voir les posts précédents...).


Retour aux dures réalités du monde moderne - sans oublier mon caddie - et au centre de santé. « Ah non » me dit le monsieur de l'accueil (où je ne fais pas de queue, c'est déjà ça), « ce n'est pas là »... C'est à côté, ouf ! Petit centre, très bien, tout le monde est très gentil sauf que... La machine pour faire les cartes de santé... est en panne ! Tu peux le croire ?

« Pourrais-je au moins faire les papiers et repasser pour chercher la carte plus tard ? » je demande inquiète. Voui voui pas de souci, c'est possible. Reouf ! Il est 11h30 (et j'avais déposé les enfants à l'autobus à 8h15). À 12h15, je suis encore au guichet. Toujours pas de queue mais c'est beaucoup plus compliqué que prévu. Je passe les détails. Il faut redonner les informations entre trois et quatre fois (du coup, je connais le numéro de mobile d'Ernest par coeur - depuis le temps, il était temps). Vais-je pouvoir poser mes fesses et ma tête qui tourne avant l'arrivée de Penelope à 13h à la maison ? Sur le plan, je vois que la bibliothèque à laquelle je « dois » m'inscrire est sur le chemin. Ça ne devrait pas prendre trop de temps. Au passage, je stoppe net devant une boutique qui a trois caisses de vin en bois dans sa vitrine. Sûrement une bonne maison et sûrement une caisse pour moi. C'est pour ma bibliothèque à moi, la taille exacte des livres. Je rentre et respire un autre petit bonheur. Autre luxe : il y a des gavottes et de la vieille mimolette ! Incroyable en Espagne ! J'achète aussi du café qui me manquait et j'ose quémander une caisse de vin (vide bien sûr). Quel gentil garçon ! Pas comme à G. où pas un vendeur de pinard ne m'avait refilé une de ses caisses.

Tout ça fait que l'heure avance et il me reste à peine un quart d'heure pour la bibliothèque. Une très vieille dame, très méchante, refuse mon papier d'inscription. Elle me tend deux feuilles (les mêmes que la mienne, mystère) que je dois remplir pour une prochaine fois accompagnées de deux photos d'identité (pas la même taille qu'en France).

Je cours, Penelope arrive en même temps que moi. On range, nettoie (surtout elle) et je fais mille conneries en retard (dont les publi de congrès) et quelques changements d'adresses administratifs. 16H30. Je m'allonge, pensant avoir bien mérité mon repos. Je n'ai pas posé la tête sur l'oreiller (interdit par le traumatologue qui me dit de dormir sans mais là, c'est juste pour cinq minutes, je peux, non ?) que le marteau piqueur des voisins s'active. Oui, ça aussi c'est cool, on refait la (les) salle(s) de bain juste derrière ma tête !

17h30. Bus. Je suis prête avec un panier d'affaires de plage et un goûter. Boulette se précipite, Mon minou plus doucement. Refus de plage. Non................... Je suis trop bonne, j'accepte de faire autre chose. La piscine. C'est idiot quand on habite à côté de la mer mais je craque. Plus la force de discuter. On repart, dans la direction inverse du centre ville que j'aimerais tant visiter un jour, pour chercher cette piscine qui est censée être près de la maison, heu de l'appart. Je ressors le plan de mon sac, scotché dans tous les sens car je le plis au rythme de nos pérégrinations. On trouve, assez loin finalement. Pas de bol, les enfants ne peuvent pas nager librement mais seulement prendre des cours et de toutes façons il n'y pas plus de place. Retour à la casba-maison-appart-niche-home. Heureusement le supermercado est en bas (c'est impossible de l'avoir plus près), on remplit le caddie (je savais qu'il me servirait - c'est pas vrai, j'y ai déjà mis une caisse de vin ce matin et de la mimolette) et je fais à manger pendant les devoirs de classe. Boulette adore sa maîtresse d'anglais qui explique comment il ne faut pas prononcer « Harry Potter » en imitant les espagnols et les français. Mon minou tente de m'expliquer le jeu du golf où il a été le meilleur (atteindre par exemple 92 qu'avec des 5 et des 3) mais je n'y comprends rien (v'là qu'il me met des 29 dans l'histoire).

Fin de la journée.

Levée 5h30 le lendemain. Impossible de dormir sur le côté sans avoir envie de vomir et mal sur le dos sans oreiller. Mais pourquoi moi ? Sinon, ça va. Non, vraiment ! J'aime notre... appart, la terrasse, les bruits de la ville, la possibilité d'aller au centre (ville), la proximité des commerces (quand même dans le quartier, y'a tout), la possibilité d'aller à la plage (pourvu que je trouve un bon argument pour ce soir) et les hommes sont plutôt contents de leur sort. Moi, ne me demandez pas ce que je fais.

Soir. Loupé. Les zouzous ne veulent toujours pas aller à la plage. J'ai toujours autant la gerbe et on se colle un disque de prononciation d'anglais pour nains. Ce qui me fait penser que c'est ma future activité. Me remettre à l'anglais.

2 commentaires:

Sébastien Haton a dit…

Mais comment ai-je pu louper aussi longtemps ce blogue bien écrit et qui parle de gens qui me sont plus chers que la grande majorité des humains ?
Bref, je suis là pour un bon moment, croyez-moi.
Bises,
sébastien le tonton-beauf

pitchounette29 a dit…

Eh beh!!! C'est pas de tout repos ta vie là-bas... Allez, courage ! Efficace comme tu es, toutes les démarches seront bientôt finies ! bizzz