mardi 28 septembre 2010

J'irais au Maroc chercher des tissus !

Non, surtout ne pas craquer... Nous sommes au moins deux au bord de la crise de nerf dans le quartier. J'ai bien du rédiger deux lignes du CR (compte rendu) du CA (conseil admin) de l'AR (asso recherche). Ensuite tout a basculé. Rien de grave, juste le quotidien de V. Cette fois c'est une histoire de rideaux de mon côté et de câbles pour Marie. Le tout cumulé au reste qui commence à déborder (surtout pour Marie faut être honnête). Dur dur d'être seule. Heureusement nous étions deux sur tous les coups. Pas souvent, juste quand il faut. Les hellénistes connaissent bien Mètis (à lire absolument, de Detienne et Vernant, « Les ruses de l'intelligence ou la Mètis des Grecs »). Elle fut la première femme de Zeus, celle qui s'est faite bouffée par son mec qui avait trop peur de se faire tuer par son enfant. L'histoire gaie de l'humanité résumée en peu de mots. On connaît bien l'enfant en question, un femme superbe, déesse de la guerre mais aussi de l'artisanat et du quotidien, c'est dire si c'est mon idole. Oui, il s'agit bien d'Athéna, la potesse d'Ulysse surtout dans ses moments difficiles, celle qui prédit et propose mais jamais n'impose. Marie et moi, nous avons été deux fabuleuses déesses l'une pour l'autre alors que nous cumulions des nullité chacune de notre côté.

Moi je finissais ce matin par pleurer d'entendre ce crétin de marchand de rideaux essayer de me faire croire qu'il avait fait du bon travail avec mes magnifiques tissus marocains, le fameux sabra, soie naturelle si délicate. Il avait réussi à en bousiller un, à couper n'importe comment un autre et coudre le troisième en dépit du bon sens. Après lui avoir juste signifié que je n'étais pas contente, il était prêt à repartir avec mes tissus en m'engueulant car les murs de mon appart ne sont pas droit. Il est pourtant venu faire des mesures et a bien vu tous les défauts dont il fallait tenir compte pour couper mes tissus. Quelles sont donc ces excuses minables ? Perdue, je pleurais pour au moins le voir partir mais pas avec mes sabras. Emmerdé, il tentait de réparer les dégâts en posant le seul rideau correct et en mettant les anneaux au bon endroit. L'après-midi, il repasse. J'appelle Marie pour lui demander son avis. Elle quitte le bar où elle faisait un break et pousse un hurlement à la vue de mes rideaux. On est d'accord, ni fait ni à faire dit l'expression. Elle se rue sur l'andouille, lui demande le nom de son entreprise, lui explique qu'elle est ma décoratrice d'intérieur, que son père est propriétaire de la moitié du quartier, que les nouvelles vont vite et que mon sabra marocain que je traîne depuis quatre ans est un tissu qu'elle a acheté une fortune il y a six mois en Inde et que c'est misère d'en avoir fait pareil horreur. Je retiens : six mois, Inde, décoratrice. Ça va vite ! Le gars baisse la tête, explique la queue entre les jambes que c'est la faute à son atelier (pas beau du tout de taper sur plus faible que soi...) On mesure ce qu'il est possible de rattraper et le zozo promet de revenir jeudi matin avec un meilleur résultat. Je ne me fais aucune illusion mais Marie a promis de lui couper la gorge sinon. Ça stimule.

De son côté, la belle n'était pas fraîche ce soir après plusieurs jours douloureux à préparer son déménagement qui ne se faisait de toute façon pas dans la joie. Cumul de stress (câble c'est une chose, mais y'a le reste et on a beau avoir la niaque, il arrive un moment où ça pète - je connais, j'ai donné, on n'est pas là pour étaler tous nos déboires). Je propose un plat de pâte pour elle et Antoine mais elle n'a même pas la force de sortir ni encore de manger. Elle s'inquiète juste pour son fils et n'a pas le courage de lui préparer quoique ce soit. Qu'à cela ne tienne, je viens de terminer les assiettes de mes zouzous et la mienne est de trop. Tout est prêt, il n'y a donc plus qu'à mettre cette troisième assiette dans un panier et à filer chez ma nouvelle voisine. Deux pas et c'est fait. Antoine a l'air content et tout le monde est satisfait.

Mètis c'est aussi la mètis ou les ruses de l'intelligence pour indiquer la capacité à contourner les obstacles en mobilisant plusieurs savoirs. A deux on est plus malin.

Au passage, j'ai fait deux aller et retour à l'école, une fois pour assister à un petit comité qui décide du passage en CM1 de Bolide (on y est presque), une autre pour participer à la réunion de parents d'élèves de CM2, classe de Mon Minou. Ça fait à peine un mois qu'on est là mais on est devenu des habitué du lycée, presque tout le monde nous connaît maintenant. Une seule triste note, la maîtresse actuelle de Bolide s'était bien attachée à son petit protégé et moi aussi je l'aime bien. On a tous promis de se faire des coucous à l'occasion.

Entre deux, on m'a chauffé le cou à rouge, technique qui est censé remettre les nerfs à l'endroit (ma séance de réhabilitation, oui oui, faut suivre), mais je ne suis pas sûre que ce fut efficace aujourd'hui ! J'attends aussi encore un canapé et un fauteuil. Bolide s'inquiète toujours de savoir pourquoi je fais l'HDR. Je lui ai répondu que c'était pour aider les chercheurs et aussi des gens qui veulent structurer leurs idées. J'ai donné sa marraine Isa la Belle en exemple car elle me dit que mes articles l'ont aidée. Je n'ai pas parlé d'Anetta ma copine aux quatre journées avec qui j'écris des articles, ni de Marie-Ange qui aura son HDR bien avant moi car elle est encore dans le circuit, mais tout ce petit monde m'est cher. On se rencontre au moins pour Lilith, tous les deux mois, la veille de mon CA d'AR, c'est peut-être la plus belle raison pour ne pas arrêter la recherche. Se retrouver, causer, échanger, s'obliger à lire, écrire, critiquer et faire marcher ses neurones tout en se permettant des confidences et de longues ballades reposantes. Et puis, pour revenir à nos moutons, on a encore récité une poésie avec Mon Minou. Enfin, j'ai pu dîner avec Ernest qui est rentré plus tôt que prévu. J'ai bien fait d'avoir donné mon assiette.

Et finalement, je crois que ce qui m'a le plus fait rire est de penser que si mes sabras sont foutus j'aurais une excuse pour retourner au Maroc en acheter d'autres. On dira que je suis snob mais je m'en fous ! Ce sera pour fallas... Quezaco ?

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