mercredi 29 septembre 2010

Avec mes compliments


Plage et jacuzi. Je raconte pas le reste, parfois moins sympa. Sauf peut-être les sandwitchs jambon - tomate et les premières clémentines... Et oui, c'est la grève générale en Espagne. On les fait toutes.
Et puis ce soir on dîne tous les quatre ensemble. Pour une fois !

mardi 28 septembre 2010

J'irais au Maroc chercher des tissus !

Non, surtout ne pas craquer... Nous sommes au moins deux au bord de la crise de nerf dans le quartier. J'ai bien du rédiger deux lignes du CR (compte rendu) du CA (conseil admin) de l'AR (asso recherche). Ensuite tout a basculé. Rien de grave, juste le quotidien de V. Cette fois c'est une histoire de rideaux de mon côté et de câbles pour Marie. Le tout cumulé au reste qui commence à déborder (surtout pour Marie faut être honnête). Dur dur d'être seule. Heureusement nous étions deux sur tous les coups. Pas souvent, juste quand il faut. Les hellénistes connaissent bien Mètis (à lire absolument, de Detienne et Vernant, « Les ruses de l'intelligence ou la Mètis des Grecs »). Elle fut la première femme de Zeus, celle qui s'est faite bouffée par son mec qui avait trop peur de se faire tuer par son enfant. L'histoire gaie de l'humanité résumée en peu de mots. On connaît bien l'enfant en question, un femme superbe, déesse de la guerre mais aussi de l'artisanat et du quotidien, c'est dire si c'est mon idole. Oui, il s'agit bien d'Athéna, la potesse d'Ulysse surtout dans ses moments difficiles, celle qui prédit et propose mais jamais n'impose. Marie et moi, nous avons été deux fabuleuses déesses l'une pour l'autre alors que nous cumulions des nullité chacune de notre côté.

Moi je finissais ce matin par pleurer d'entendre ce crétin de marchand de rideaux essayer de me faire croire qu'il avait fait du bon travail avec mes magnifiques tissus marocains, le fameux sabra, soie naturelle si délicate. Il avait réussi à en bousiller un, à couper n'importe comment un autre et coudre le troisième en dépit du bon sens. Après lui avoir juste signifié que je n'étais pas contente, il était prêt à repartir avec mes tissus en m'engueulant car les murs de mon appart ne sont pas droit. Il est pourtant venu faire des mesures et a bien vu tous les défauts dont il fallait tenir compte pour couper mes tissus. Quelles sont donc ces excuses minables ? Perdue, je pleurais pour au moins le voir partir mais pas avec mes sabras. Emmerdé, il tentait de réparer les dégâts en posant le seul rideau correct et en mettant les anneaux au bon endroit. L'après-midi, il repasse. J'appelle Marie pour lui demander son avis. Elle quitte le bar où elle faisait un break et pousse un hurlement à la vue de mes rideaux. On est d'accord, ni fait ni à faire dit l'expression. Elle se rue sur l'andouille, lui demande le nom de son entreprise, lui explique qu'elle est ma décoratrice d'intérieur, que son père est propriétaire de la moitié du quartier, que les nouvelles vont vite et que mon sabra marocain que je traîne depuis quatre ans est un tissu qu'elle a acheté une fortune il y a six mois en Inde et que c'est misère d'en avoir fait pareil horreur. Je retiens : six mois, Inde, décoratrice. Ça va vite ! Le gars baisse la tête, explique la queue entre les jambes que c'est la faute à son atelier (pas beau du tout de taper sur plus faible que soi...) On mesure ce qu'il est possible de rattraper et le zozo promet de revenir jeudi matin avec un meilleur résultat. Je ne me fais aucune illusion mais Marie a promis de lui couper la gorge sinon. Ça stimule.

De son côté, la belle n'était pas fraîche ce soir après plusieurs jours douloureux à préparer son déménagement qui ne se faisait de toute façon pas dans la joie. Cumul de stress (câble c'est une chose, mais y'a le reste et on a beau avoir la niaque, il arrive un moment où ça pète - je connais, j'ai donné, on n'est pas là pour étaler tous nos déboires). Je propose un plat de pâte pour elle et Antoine mais elle n'a même pas la force de sortir ni encore de manger. Elle s'inquiète juste pour son fils et n'a pas le courage de lui préparer quoique ce soit. Qu'à cela ne tienne, je viens de terminer les assiettes de mes zouzous et la mienne est de trop. Tout est prêt, il n'y a donc plus qu'à mettre cette troisième assiette dans un panier et à filer chez ma nouvelle voisine. Deux pas et c'est fait. Antoine a l'air content et tout le monde est satisfait.

Mètis c'est aussi la mètis ou les ruses de l'intelligence pour indiquer la capacité à contourner les obstacles en mobilisant plusieurs savoirs. A deux on est plus malin.

Au passage, j'ai fait deux aller et retour à l'école, une fois pour assister à un petit comité qui décide du passage en CM1 de Bolide (on y est presque), une autre pour participer à la réunion de parents d'élèves de CM2, classe de Mon Minou. Ça fait à peine un mois qu'on est là mais on est devenu des habitué du lycée, presque tout le monde nous connaît maintenant. Une seule triste note, la maîtresse actuelle de Bolide s'était bien attachée à son petit protégé et moi aussi je l'aime bien. On a tous promis de se faire des coucous à l'occasion.

Entre deux, on m'a chauffé le cou à rouge, technique qui est censé remettre les nerfs à l'endroit (ma séance de réhabilitation, oui oui, faut suivre), mais je ne suis pas sûre que ce fut efficace aujourd'hui ! J'attends aussi encore un canapé et un fauteuil. Bolide s'inquiète toujours de savoir pourquoi je fais l'HDR. Je lui ai répondu que c'était pour aider les chercheurs et aussi des gens qui veulent structurer leurs idées. J'ai donné sa marraine Isa la Belle en exemple car elle me dit que mes articles l'ont aidée. Je n'ai pas parlé d'Anetta ma copine aux quatre journées avec qui j'écris des articles, ni de Marie-Ange qui aura son HDR bien avant moi car elle est encore dans le circuit, mais tout ce petit monde m'est cher. On se rencontre au moins pour Lilith, tous les deux mois, la veille de mon CA d'AR, c'est peut-être la plus belle raison pour ne pas arrêter la recherche. Se retrouver, causer, échanger, s'obliger à lire, écrire, critiquer et faire marcher ses neurones tout en se permettant des confidences et de longues ballades reposantes. Et puis, pour revenir à nos moutons, on a encore récité une poésie avec Mon Minou. Enfin, j'ai pu dîner avec Ernest qui est rentré plus tôt que prévu. J'ai bien fait d'avoir donné mon assiette.

Et finalement, je crois que ce qui m'a le plus fait rire est de penser que si mes sabras sont foutus j'aurais une excuse pour retourner au Maroc en acheter d'autres. On dira que je suis snob mais je m'en fous ! Ce sera pour fallas... Quezaco ?

lundi 27 septembre 2010

Check the simple thinks first

Aujourd'hui, je n'avais aucune urgence, ce qui n'est pas le cas de demain. Alors j'ai commencé à mettre au propre le compte rendu de mon asso de recherche pour mon président. Je crois même avoir eu le temps d'écrire à mes collègues du groupe Lilith que je ressortais la fée du recoin de sa poussière (pour ceux qui suivent, cette fée est la traduction de « Hada Del Rinconin » dont les initiales rappellent le pensum par lequel tout chercheur doit passer pour devenir quelqu'un - moi j'en suis à la V3, je sais que c'est la bonne version, le tout c'est de s'y re-mettre). J'ai aussi appris où était le British Council puisque je souhaite approfondir mon anglais (pas un blague). J'ai bien ça en tête. J'ai encore écrit à Isa la Belle que j'avais besoin de son aide pour refaire mon site (web bien sûr) et nous avons même pris rendez-vous skype pour le début de l'après-midi, heure française. J'attendais Pénélope avec soulagement car la maison a besoin d'un coup de propre et moi je souhaite me concentrer sur tout cela sauf ça. Ah, bien sûr, notre daddymotion (l'asso de mes n'veux pour les films de nos vieux) sollicite quelque attention de part et d'autre mais rien de trop prenant...

Alors j'ai dit à Marie (la maman d'Antoine) que je n'avais aucune urgence. J'ai aussi dit à Paco qu'on pourrait manger ensemble un jour. Paco est le copain d'Antonio et les deux sont les amis de Rosa et Roberto chez qui nous déjeunions hier (dimanche). Paco passe toutes ses vacances à B., bien sûr, comme Lola qui y a habité cinq ans (voir « Bienvenue à V. ») et aussi une autre maman d'enfants du lycée dont le mari est de là-bas. B., c'est là où habite ma mère. Tout est donc on ne peut plus normal. B. est en France, à au moins douze heure de route de V. (dans le meilleur des cas car si on prend l'avion, ça peut être beaucoup plus, voir posts précédents), à la rigueur un lieu de villégiature pour Panamien mais rien à voir avec V. Pourtant, c'est ainsi, je ne peux pas faire deux pas sans rencontrer des voisins de ma mère.

Je n'avais pas d'urgence. Il est 22h30 et je suis à ramasser à la petite cuiller.

Pénélope n'est pas venu à la maison car elle a sa petite malade, il a fallu que je m'occupe de quelques saletés et du linge. Avec Marie, on a monté trois armoires confo, c'est bien pire qu'ikea. Parlons-en de la qualité française ! J'ai les doigts en compote. Marie aussi. Mais peut-être a-t-elle évité la crise de nerf car nous étions deux à nous arracher les ongles. En fait, je n'en avais plus beaucoup car je sortais de la manucure... Oui, la manucure est pour moi synonyme de plus d'ongle, pour me permettre de taper correctement sur l'ordinateur. J'étais contente d'avoir réussi à chopper un rendez-vous car j'en avais loupé deux auparavant, l'un pour cause d'annulation de vol - je ne répète pas -, l'autre car la manucurette avait filé voir sa mère à l'hôpital cinq minutes avant que j'arrive. Je ne m'étonne plus de rien. Bref, Marie appelle au secours alors qu'on en est à la phase limage. Comment refuser alors que rien ne presse ? Au milieu de la troisième armoire on craque et on se boit du vin blanc. Dans un bol. C'est tout ce que Marie a comme récipient dans son nouvel appart. Je ne suis pas la seule à déménager. J'appelle Isa la Belle pour reporter notre rendez-vous (m... c'est mercredi, le noter sinon je vais encore oublier !). Il aurait fallu nous entendre :

- C'est pas vrai, le trou n'est pas fait !

- Ah, j'y arrive pas...

- Mouille-le, c'est plus facile...

- T'es dégueulasse...

- Mais non, tu sais bien, c'est toujours la même histoire...

Toutes les deux en robes, avec nos pinces, nos vis, des saloperies de micro tournevis qui vous tuent les doigts et nos bols de vin blanc. Du n'importe quoi. Chance, Marie a fait venir un électricien pour poser les câbles de sa téloche et il veut bien passer chez moi voir ce qui déc... de ce côté (et oui, toujours pas de télé - je ne sais plus s'il faut lire « bienvenue à V. » ou « Suspens »). Il est venu en fin de journée alors que je me battais encore avec le goutte à goutte des plantes, nouvelle installation d'Ernest pour ne plus avoir à arroser avec le tuyau. Hum... il a fallu que j'achète un arrosoir et que je donne à boire à la main à ces pôvres plantes car le goutte à goutte est nettement insuffisant et ressemble à un casse-tête chinois si jamais on veut que ça coule un peu plus. Le tuyau d'arrosage en revanche n'est plus accessible car bloqué par l'automate. Crotte. Moi aussi j'étais au bord de la crise de nerf car en plus, le repas n'était pas prêt, Mon Minou n'avait pas fait ses devoirs d'anglais (décidément), Bolide hésitait toujours à dire oui à la maîtresse pour sauter de classe (il a fini par trouver qu'il pourrait essayer le CM1 - on se voit demain avec la maîtresse ; demain aussi j'attends mes rideaux et je vais à mon premier rendez-vous de rééducation pour le cou ; demain encore, il y a la réunion de parents... Demain, j'aurais pas le temps de travailler, na et finalement je ne sais plus quel temps il faut utiliser, si c'est le passé, le présent ou le futur, rezut).

Ah oui l'électricien. Il est resté une heure et demi. Vingt euros et une bière plus tard, la télé marche (et les enfants ont mangé - trop forte ! Ai-je dit que j'adore les voir se régaler avec ma salade de fruit ? D'accord, devant la télé mais c'est exceptionnel). Qui a déjà vu ce dessin du gars qui démonte sa télévision pour trouver d'où vient la panne alors qu'on voit que la prise n'est pas branchée ? C'est à peu près ce qui se passait chez moi. En plus subtil car ce n'est pas la prise de courant qui est en cause mais celle de l'amplificateur d'antenne. Bien caché derrière les meubles car je trouve ça moche... Il a fallu du temps pour trouver. Heureusement le bazar est juste à côté d'une antenne et on faisait le tour. J'y connais rien moi à tout ça. Je passerais bien un petit coup de fil à Ernest mais il est trop tard. J'ai encore pas mal de messages en retard et des urgences qui arrivent. Finalement... Il faut aussi qu'on invite nos voisins, que je note qui est qui et qui habite où, que... j'aille me coucher...

Le dessin du gars et de sa télé a un sous-titre explicite : « Check the simple thinks first ! ».

jeudi 23 septembre 2010

Je veux rentrer chez moi... Suite,

Non, je ne suis pas encore chez moi ; non, je ne suis pas non plus à Paris. Dis, je les connais maintenant à Orly et eux aussi ils me connaissent. Bref, on se reconnaît.

De nouveau la queue au guichet d'Iberia, ça sent l'annulation de vol.

- Alors ça recommence !, dis-je dépitée et pourtant amusée (à force...).

- Oui... non... C'est le vol de S. qui est annulé.

- Oui mais celui de V. est retardé, dit une dame dans la file.

Sur ce, je file. Plus loin. Là où on enregistre. Un garde chiourme fait barrage et une hôtesse que je connais (encore une) me confirme qu'on ne sait encore rien sur le vol de V., il faut attendre... Tsss Tsss, moi j'y crois pas.

- Et je peux aller sur le vol de B. ? Je ne peux pas ne pas partir !

Mes presque larmes ne sont pas feintes, la dame s'inquiète et va se renseigner. Une jeune femme insiste, comme moi. L'hôtesse revient et nous voici enregistrée sur le vol de B. qui part une heure plus tard (est prévu de).

Le temps passe, le vol de V. est finalement annulé. Le temps passe encore. On papote avec la famille de la jeune femme. Je sympathise avec Juan son papa. On est voisin à V., on ne peut plus voisin. Si on arrive à rentrer, on se prendra un café pour fêter ça ! Un autre vol pour B. (pas le nôtre, ouf) est annulé. Derrière nous, tous ces pauvres gens qui attendent pour partir ou rentrer... Coincés, ils sont. Jusque quand ?

Le temps passe et qui aperçois-je patientant comme moi devant les écrans pessimistes ? Mister Ben, notre prof de communication quand moi-même j'étais prof à A. Repapote, comme si tout cela était normal. Le temps passe et rien ne se passe que de raconter sa vie. Le vol de remplacement prend tout de même deux heures de retard (tiens comme à l'aller enfin avec quelques aléas supplémentaires).

On entre dans l'avion. Tout le monde applaudit. On est le dernier avion qui pourrait décoller d'Orly. Pourquoi le conditionnel ? Parce qu'il y a une limite horaire et nous sommes sur le point de la dépasser. Les hôtesses tassent les gens, les sacs, les valises, il faut partir, vite vite. Restress de partout.

On décolle ! Youhou ! Tout le monde re-applaudit. A côté de moi, Gérard. On sympathise. On papote tout le trajet (toujours pas réussi à ouvrir mon bouquin depuis 19h où je suis arrivée à l'aéroport et il est minuit quand l'avion se pose à B.). J'en oublie le stress.

N'empêche, une fois arrivés, je me retrouve seule à courir après un bus pour me rapprocher de l'hôtel qu'Ernest m'a réservé par Internet. Pas un de ces charmants messieurs n'a proposé de me raccompagner (Juan a bien tenté de m'inviter sur le sofa de son fils à B. mais sa femme a tiqué, il n'a pas insisté). Faut dire que j'ai parlé au moins mille fois de mon mari et de tout ce qu'il fait pour moi... Demain, si tout va bien, je prends le train pour chez moi. Je croise les doigts.


On est demain. Je suis à la maison. J'ai pris le train ce matin depuis B. Il aura fallu deux jours pour faire Paris-Valence, deux fois plus cher que prévu. Vive les temps modernes !

mercredi 22 septembre 2010

Je veux rentrer chez moi...

Paris, je ne t'aime plus du tout ! Je devrais être chez moi, auprès de mes anges et de leur père. Personne n'a su nous dire hier pourquoi le vol a été annulé. Je dois partir ce soir mais ce soir recommencent les grèves. Je flippe. Je connais la raison des grèves : contre la retraite à 67 ans. Je me souviens qu'il n'y a pas si longtemps, on était sûr de partir à la retraite à 60 ans et parfois bien avant avec certains programmes alléchants de pré-retraite. Que s'est-il passé dans le monde moderne ? Chacun y va de son analyse et le tristement drôle est qu'un même constat (c'est la crise) aboutit à des conclusions opposées : il faut travailler plus longtemps (rentrée d'argent pour l'état et assurance d'en débourser beaucoup moins et moins longtemps) ou bien il faut partir plus tôt à la retraite (ce qui permet aux jeunes de travailler et donc à l'état de payer moins d'indemnités). Comme la seconde parenthèse est beaucoup plus aléatoire que la première, ou du moins nécessite la mise en oeuvre d'éventuels plans d'aide aux entreprises qui ne renouvellent pas les départs à la retraite, le choix pour l'état est vite fait... Du moins, celui de maintenant. Moi, je ne dis rien, on cotise pour moi au minimum syndical, c'est-à-dire très très peu, mais on cotise et je pourrais aller à la plage.

Et ben non, je suis coincée à Paris. Fait beau. Je flippe. Déjà dit. J'ai bien bossé pourtant cette semaine et je me verrais bien réceptionner mes beaux canapés (plus de problème de langue après une semaine au pays natal - voir post précédent) avant d'aller faire un tour à la plage ou de boire un café avec les copines. Je me sens également motivée pour rédiger mes comptes rendus de réunions et de livres, pour préparer la prochaine rencontre de recherche où je dois présenter mes projets et pour aider ma grande famille à valoriser les films et les archives de notre daddy (voir post « La relève »)... L'un (boulot) n'empêche pas l'autre (café copines et plage pépère).

Et ben non, je mange des croissants en restant collée au wifi du troquet, à l'affut des nouvelles de mon vol de ce soir. Ne doit pas être annulé. Surtout pas. Mais le bol n'est pas de mon côté... Quoique... En fait, je sais pourquoi je suis revenue à Paris : je n'avais pas envoyé une lettre qui aurait du partir la semaine dernière. Préparée mais pas envoyée, je l'ai retrouvé dans quelques dossiers consciencieusement mis de côté pour ma prochain venue. Ouf, elle est enfin postée après s'être encore promenée toute la matinée en quête de boîte (je l'avais oublié quand je suis passée à la poste pour une autre raison). Encore une histoire... Je n'ose pas la raconter, on verra plus tard.

L'ange blond...

(écrit le 15 septembre 2010)

C'est officiel, j'ai un cou de vieux. Raison pour laquelle le docteur Tours m'envoie consulter son collègue Ange Blond. Si encore je faisais des jeux de mots et inventais des noms. Mais non, c'est ainsi, on me voit trois cheveux blancs et mon cou est « fatal » (encore une expression du pays). Cet Ange-là doit me faire un programme de rééducation de retour de France, la semaine prochaine (mon post est "posté" une semaine après - donc je devrais y être mais le sort en a voulu autrement, voir la suite, enfin plus récemment - c'est con les blogs, ça marche à l'envers). Il n'y a qu'en Espagne que les médecins s'affublent de noms d'enfants sages.

A ce propos, j'en ai deux à la maison (pas toujours si sages d'ailleurs) qui m'appelaient pour me souhaiter bon voyage il y a longtemps, très longtemps, une heure avant mon départ - il est minuit et demi, je devais partir à 19h pour un vol d'une heure trente. Je n'ai eu que deux heures de retard à cause des grèves des contrôleurs (français), faut pas se plaindre. Cette fois-ci, c'est promis, je vais me renseigner sur la raison de ces grèves de la rentrée (voir post de ce mois « Tu peux le croire ? »). En attendant, je croise les doigts pour mes réunions. J'ai dit à tout le monde de venir ici, au deuxième étage et on est au troisième. Ça commence bien. Bon c'est demain (enfin aujourd'hui), le temps d'envoyer un SMS (un Sort de Merveilleuse Sorcière - une transposition de Bolide et moi en hommage à un de « Mes premiers j'aime lire » qu'on écoutait en boucle dans la voiture il y a encore un an ou deux - « La soupe de père Noël » pour tout dire) depuis mon portable français qui n'a plus de crédit. Suffit de recharger. J'ai pensé à prendre ma CB avec puce française ! C'est pas beau ça ! Vive les anges !

lundi 13 septembre 2010

Suspens...

Oulala, ça se précipite ! Par où commencer ?

Il y a bien sûr la conduite automobile qui m'impressionne. La vitesse est limitée à 40 (au centre bien sûr) mais tout impose de dépasser le 60, les autres voitures, les feux et l'enchaînement des voies. A 40, on risque de se faire emboutir, on est certain de prendre tous les feux au rouge et on a toutes les chances de louper les embranchements (ponts, tunnels, déviations, etc.). C'est un peu comme tenter de traverser la Concorde à moins de 70 mais ici c'est plus long... Contente d'avoir passé mon permis à Paris. De même pour se garer. Quoique à V., c'est bien pire. En fait, c'est très amusant - bon, quand ma voiture n'est pas concernée. Je vois encore d'Adèle (voir « Ceci permet d'éviter cela... »), pestant, râlant en essayant de se garder entre deux voitures ayant mis leur frein à main. Du jamais vu pour moi auparavant. Ici, on pousse, devant, derrière, et tout le monde trouve ça normal. Pas un centimètre de perdu. Le gag, c'est ma voisine. Depuis qu'elle est garée près de chez elle, de cela à peu près six mois, elle ne bouge plus sa voiture ! Pas une blague. Moi, ma Toyot toute neuve, toute jaune, pas question de la cabosser. Hélas, pur fantasme, elle a déjà des rayures alors qu'elle dort au chaud.

En parlant de chaleur, la température baisse, ce n'est pas désagréable. La mer, elle, continue à étonner Mon Minou et Boulette-Bolide (oui, c'est un bolide, ça lui va comme un gant et surtout il est ravi que je l'appelle comme ça). Quand on va à la plage du sud, en deux minutes tout le monde est dans les vagues. A G., on ne partait jamais sans le ballon pour réussir à se mouiller. Quand je propose d'aller à la plage de la ville, zouzous demandent, innocents : « Elle est aussi chaude que celle de papa ? » (C'est Ernest qui aime aller au sud et moi en ville).


Mais le plus important est ce qui nous attend d'ici la fin du mois. Dans peu de temps.

Surtout pour Bolide. Je suis sûre que mes maux de dos et de tête venaient non seulement de l'arthrose (autre suspens, les résultats des examens IRM et électomachinchouette la semaine prochaine), du déménagement et de la fatigue mais aussi d'un poids que je porte depuis quelques années concernant la scolarité de Bolide. C'est un rapide à la course à pied mais aussi en apprentissage. Mon minou se défend très très très bien mais Bolide, c'est un cas, personne ne sait comment il sait ce qu'il sait. Il avale tout ce qui passe. Depuis qu'il est à l'école (en Espagne), j'essaie de le faire « sauter ». Impossible. Il faut que l'orientateur de la région l'évalue et décide. Or l'orientateur à G. ne passe qu'une fois par an à l'école et ne s'occupe que des enfants en difficultés. C'est-à-dire que Bolide passait systématiquement à la trappe. Sa maîtresse, adorable, se débrouillait en lui donnant des exercices en plus. Et puis, il n'a que 8 ans, c'est l'âge de jouer. Oui, c'est aussi le moment d'éviter l'ennui et le décrochage qui l'accompagne. Jusqu'à présent Bolide réclame des devoirs et adore l'école mais hier déjà il se plaignait : « J'aime la récré et la cantine mais pas la classe ». Pourtant la nouvelle maîtresse, Madame, est bien... Je l'ai rencontré jeudi. Dans le système français, « sauter » se fait à la demande de l'enseignant, sous la supervision du psychologue et avec l'accord des parents. Tout est donc possible... Mais je préparais l'entretien avec une certaine angoisse car ma copine Isa la Belle qui connaît bien le problème ne me rassurait pas : « Ah, non, ils aiment pas ça du tout les profs ! ». Bref, je n'étais pas à l'aise. J'arrive. Grosse chaleur. Je suis en avance. J'attends l'heure pour frapper à la porte. Timide. Je m'assois là où Madame m'indique. Je dis que je suis là surtout pour faire connaissance. Madame, en revanche, n'y va pas par quatre chemins :

- Votre fils est brillant...

- Justement, je me disais aussi...

- Il ne faut pas qu'il s'ennuie. Ce n'est pas la peine de multiplier les exercices.

- En effet...

- Je me donne 15 jours et je vous propose de le faire passer en CM1... En plus il s'intègre très bien, etc. etc.

On papote un peu histoire de, je lui donne tous les Youpi (la revue !) que les nounours ne veulent plus après les avoir lu au moins vingt cinq fois chacun et je sens la tension de quatre ans tomber d'un coup ! De retour à ma voiture (bien garée et non bignée, le lycée français n'est pas au centre ville - que je visite l'air de rien petit à petit, si si, je raconterai nos découvertes du marché central à l'occasion), la chaleur ne me fait plus aucun effet, j'ai beaucoup moins mal au dos et je respire enfin pour Bolide.


Autre suspens, beaucoup moins vital mais tout de même, la décoration de la maison, heu de l'appart. Des cortinas (des rideaux - c'est malin, quand je suis dans la boutique, impossible de me souvenir du nom en espagnol et là, je dois réfléchir pour le trouver en français) que doit me faire l'artisan du coin avec mes sabras marocains et quelques bouts de tissus que j'ai glanés de ci, de là. En même temps on devrait recevoir les sofas (sofas... sofas... canapés, voilà, j'ai trouvé. Promis, ce n'est pas du snobisme mais c'est un peu comme parler du « camp » de foot ou utiliser l'expression « aller voir à mamie » ou encore nommer les pays sans mettre d'article devant. On a de plus en plus de mal à éviter les fôtes).

Ah, et le filtre à eau (ici c'est très calcaire et la proprio a installé un matériel infernal pour que l'eau soit meilleure mais je ne comprends rien à tous les boutons qui s'allument, rouges bien sûr), et les fenêtres (ça y est celle des enfants n'a plus de poignée), et la téloche (pas de téloche... Est-ce la prise, notre abonnement, autre chose ? On s'en passe plutôt bien surtout depuis que j'ai branché la radio sur Internet mais j'aime bien comprendre les trucs), et le sent-bon dans les hum-toilettes (V. est un cloaque aux dires d'Adèle, on s'en rend surtout compte aux chi...), et notre vitre-dessus de table cassée par le milieu comme un pare-brise de voiture (voir « Bienvenue à V. » - il paraît que c'est beau mais c'est tout de même dangereux), et la douche qui fuit un jour sur deux (va savoir - on se douche tous les jours... Enfin, y'en a au moins un qui se douche par jour, ce n'est donc pas ça), et les tapis qu'il va falloir changer pour se coordonner avec les... rideaux ! Non, c'est une blague !


Oh flute... On est lundi, la semaine prochaine c'est cette semaine....... Pas encore bien préparé mes réunions parisiennes........ J'ai mes billets c'est déjà ça........ Les zouzous sont en bonne compagnie......... Je vais aussi à LB voir mamie...... Hier on était à la montagne...... Bon sang que les « gens » sont crades (des détritus partout dans ces lieux paradisiaques)......

mercredi 8 septembre 2010

« Tu peux le croire ? »

On est mercredi 8. Nous voici à V. depuis deux semaines que je n'ai pas vu passer.

Hier, grève à l'école. Sans commentaire. M & B y vont quand même car le maître de M. fait classe et B. sera accueilli dans une autre classe, c'est toujours une expérience. Moi ça me laisse le temps de, enfin, faire quelques courses et, pourquoi pas, visiter un peu le centre ville de V. Nous habitons juste à la frontière du quartier le plus chic, d'un très populaire, de l'ultra-moderne et d'un de ceux les plus mal famés (enfin de réputation). Bien quadrillés nous sommes. Pour aller au centre il faut compter environ 10 minutes...

Hier donc, je sors accompagner les enfants à l'autobus. En fait, je cours derrière eux car ils sont déjà à l'arrêt alors que je vide encore ma poubelle de cartons (un par un, bon sang qu'elle est mal fichue la benne municipale des papiers). Je rejoins mes zouzous et leurs potes avec ma jolie poubelle vide d'ikéa grise, je salue les mamans et les papas, papote avec l'un et l'autre et m'en vais guillerette jusqu'au centre de santé dès l'autobus parti. Le centre de santé est pour les médecins espagnols ce que le chenil est aux chiens français. Je ne sais pas si on voit comment ça marche ? Pour se faire soigner, il faut être enregistré au centre de santé auquel on est affecté selon son adresse (il ne suffit pas d'avoir un numéro de sécurité sociale). Là, il y a un tas de médecins qui attend le chaland (c'est généralement plutôt l'inverse qui se passe car les rendez-vous sont pris environ toutes les 7 minutes). Pas n'importe comment : quand on s'inscrit, on vous assigne un médecin. Au hasard ? Je ne sais pas. Bref, m'en vais avec tous mes documents administratifs (on dit la France bureaucratique mais l'Espagne est très généreuse de ce point de vue) au centre de santé de notre quartier. J'ai appelé pour vérifier que c'était bien celui-là, c'est chouette, il est tout près de la maison, j'aurais le temps de faire tout ce que j'ai prévu. Pas de queue. La chance continue à me sourire. La dame de l'accueil est très gentille mais il manque les papiers d'Ernest. Dommage, nous dépendons tous de lui, il faudrait que j'ai au moins son passeport. « Pas grave », je dis, « je repasse, j'habite à côté ». Je repars, sans oublier ma poubelle, pour arriver en même temps que l'électricien (souci dans la maison, heu... l'appartement). Je règle d'autres paperasses pour mes remboursement de soins de la semaine dernière (autre type de système de santé - pas tout à fait privé mais pas publique non plus, on verra plus tard pour les explications) et retourne au centre. La queue cette fois. Longue. Demi-heure. Un monsieur me reçoit. Pas sympa. Il me fait ressortir tous mes documents, m'en demande d'autres, avide, fouille dans les siens et me regarde un peu pervers : « Vous ne dépendez pas de chez nous mais d'un autre centre ». « Quoi ? Mais j'ai appelé pour vérifier ! ». « Ah ben, votre rue c'est bien chez nous mais seulement les numéros pairs. Vous, vous êtes au numéro impair, c'est comme ça, faut aller là ». Et ce « là » là est à pétaouchnoque. Vraiment. Je râle mais ça ne sert qu'à rendre le cerbère encore plus bête. J'en pleure, je mets mes lunettes noires et traîne mon caddie (pour ne rien avoir à porter à cause de ma nuque endommagée - voir post précédent). Evidemment l'autre centre de santé n'est pas du tout du côté du centre ville mais plutôt du quartier mal famé. Bon, un peu de courage, c'est toujours bien de découvrir où on habite, même « à l'envers ». Je passe par les grandes avenues ultra-bruyantes, je ne quitte pas mon plan des yeux pour prendre le chemin le plus court, il fait une chaleur à crever (pas autant que le vendredi de notre arrivée où le thermomètre est monté à 44° mais tout de même). Je longe les murs pour rester à l'ombre, je ne suis pas la seule, la circulation est difficile même entre piétons.

J'arrive enfin à « l'autre » centre de santé. Immense. La queue ? Dans le doute, je préfère commencer par prendre un café, d'autant que j'ai un mal de tête de plus en plus fort. Petit troquet adorable, pinchos apétissants. Je choisis une tortilla aux poireaux avec mon café au lait. Bon d'accord, c'est un peu spécial. Tant pis. Et là, près de « mon » centre de santé, je jouis d'une demi-heure de pur bonheur : je travaille ! C'est vrai, je peux enfin respirer et lire ce bouquin génial que je dois résumer pour la semaine prochaine (tiens, ça m'a réveillé cette nuit) à notre réunion Lilith (voir les posts précédents...).


Retour aux dures réalités du monde moderne - sans oublier mon caddie - et au centre de santé. « Ah non » me dit le monsieur de l'accueil (où je ne fais pas de queue, c'est déjà ça), « ce n'est pas là »... C'est à côté, ouf ! Petit centre, très bien, tout le monde est très gentil sauf que... La machine pour faire les cartes de santé... est en panne ! Tu peux le croire ?

« Pourrais-je au moins faire les papiers et repasser pour chercher la carte plus tard ? » je demande inquiète. Voui voui pas de souci, c'est possible. Reouf ! Il est 11h30 (et j'avais déposé les enfants à l'autobus à 8h15). À 12h15, je suis encore au guichet. Toujours pas de queue mais c'est beaucoup plus compliqué que prévu. Je passe les détails. Il faut redonner les informations entre trois et quatre fois (du coup, je connais le numéro de mobile d'Ernest par coeur - depuis le temps, il était temps). Vais-je pouvoir poser mes fesses et ma tête qui tourne avant l'arrivée de Penelope à 13h à la maison ? Sur le plan, je vois que la bibliothèque à laquelle je « dois » m'inscrire est sur le chemin. Ça ne devrait pas prendre trop de temps. Au passage, je stoppe net devant une boutique qui a trois caisses de vin en bois dans sa vitrine. Sûrement une bonne maison et sûrement une caisse pour moi. C'est pour ma bibliothèque à moi, la taille exacte des livres. Je rentre et respire un autre petit bonheur. Autre luxe : il y a des gavottes et de la vieille mimolette ! Incroyable en Espagne ! J'achète aussi du café qui me manquait et j'ose quémander une caisse de vin (vide bien sûr). Quel gentil garçon ! Pas comme à G. où pas un vendeur de pinard ne m'avait refilé une de ses caisses.

Tout ça fait que l'heure avance et il me reste à peine un quart d'heure pour la bibliothèque. Une très vieille dame, très méchante, refuse mon papier d'inscription. Elle me tend deux feuilles (les mêmes que la mienne, mystère) que je dois remplir pour une prochaine fois accompagnées de deux photos d'identité (pas la même taille qu'en France).

Je cours, Penelope arrive en même temps que moi. On range, nettoie (surtout elle) et je fais mille conneries en retard (dont les publi de congrès) et quelques changements d'adresses administratifs. 16H30. Je m'allonge, pensant avoir bien mérité mon repos. Je n'ai pas posé la tête sur l'oreiller (interdit par le traumatologue qui me dit de dormir sans mais là, c'est juste pour cinq minutes, je peux, non ?) que le marteau piqueur des voisins s'active. Oui, ça aussi c'est cool, on refait la (les) salle(s) de bain juste derrière ma tête !

17h30. Bus. Je suis prête avec un panier d'affaires de plage et un goûter. Boulette se précipite, Mon minou plus doucement. Refus de plage. Non................... Je suis trop bonne, j'accepte de faire autre chose. La piscine. C'est idiot quand on habite à côté de la mer mais je craque. Plus la force de discuter. On repart, dans la direction inverse du centre ville que j'aimerais tant visiter un jour, pour chercher cette piscine qui est censée être près de la maison, heu de l'appart. Je ressors le plan de mon sac, scotché dans tous les sens car je le plis au rythme de nos pérégrinations. On trouve, assez loin finalement. Pas de bol, les enfants ne peuvent pas nager librement mais seulement prendre des cours et de toutes façons il n'y pas plus de place. Retour à la casba-maison-appart-niche-home. Heureusement le supermercado est en bas (c'est impossible de l'avoir plus près), on remplit le caddie (je savais qu'il me servirait - c'est pas vrai, j'y ai déjà mis une caisse de vin ce matin et de la mimolette) et je fais à manger pendant les devoirs de classe. Boulette adore sa maîtresse d'anglais qui explique comment il ne faut pas prononcer « Harry Potter » en imitant les espagnols et les français. Mon minou tente de m'expliquer le jeu du golf où il a été le meilleur (atteindre par exemple 92 qu'avec des 5 et des 3) mais je n'y comprends rien (v'là qu'il me met des 29 dans l'histoire).

Fin de la journée.

Levée 5h30 le lendemain. Impossible de dormir sur le côté sans avoir envie de vomir et mal sur le dos sans oreiller. Mais pourquoi moi ? Sinon, ça va. Non, vraiment ! J'aime notre... appart, la terrasse, les bruits de la ville, la possibilité d'aller au centre (ville), la proximité des commerces (quand même dans le quartier, y'a tout), la possibilité d'aller à la plage (pourvu que je trouve un bon argument pour ce soir) et les hommes sont plutôt contents de leur sort. Moi, ne me demandez pas ce que je fais.

Soir. Loupé. Les zouzous ne veulent toujours pas aller à la plage. J'ai toujours autant la gerbe et on se colle un disque de prononciation d'anglais pour nains. Ce qui me fait penser que c'est ma future activité. Me remettre à l'anglais.

Bienvenue à V.

Vendredi 3 septembre 2010, lendemain de la rentrée des classes pour Mon Minou et Boulette (qui aimerait que je l'appelle autrement - c'est vrai qu'il s'est affiné depuis sa naissance). Nous ne sommes toujours pas en France, mais ici il y a un lycée français, pas comme à G. où la rentrée se faisait mi-septembre. Bembalamer continue ses aventures (Belle actrice, Ernest, Mon minou et Boulette encore à la mer). Seule la mer a changé. La maison aussi. L'environnement également. Pas mal de choses finalement.

J'écoute la radio locale plutôt nulle, genre disco moderne et commentaires à la noix, il fait chaud, il y a de l'air qui rafraîchit la maison (mais pourquoi dis-je la maison alors qu'on est en appartement ?), le salon est sombre car j'ai fermé les volets (le soleil tape trop fort de ce côté), moi j'ai installé le bureau côté terrasse aux mosaïques bleues, plantes et ombre. Bureau ? C'est aussi un champ de foot (pardon, un terrain... Les espagnophones comprendront, nos erreurs de langage se multiplient), un élevage d'ordinateurs, un atelier de « foro » de libros (recouvrir les livres, le cauchemar des mamans à la rentrée) et, pour le moment, une pièce à peu près aménagée.

Entre deux mots que je tente d'écrire (mes phrases sont-elles cohérentes ?), Ernest m'appelle pour tenir l'éponge sous la perceuse (une façon efficace de faire des trous propres dans le mur pour accrocher les tableaux), Penelope (ouf, quelqu'un pour aider au ménage et rester avec les enfants quand je pars en France) réclame du boulot et des instruments, les enfants me font sursauter en hurlant « goal », le téléphone me soûle avec ses questions (notre vitre de table est cassée - merci les déménageurs - et les devis pleuvent, c'est bien, c'est prenant, c'est ch...), la porte sonne car je n'arrive plus à ouvrir correctement la fenêtre du salon (en fait, toutes les fenêtres ont un problème, on en fera le tour) et le réparateur arrive. Je commence à connaître le quartier. En moins d'une semaine à V., alors que j'ai passé la plupart du temps enfermée à ouvrir des cartons, je peux citer plus de bars et d'artisans que Lola qui habite ici depuis deux ans. Du moins c'est ce qu'elle dit. Lola a aussi son fils au lycée français, je les ai connu ce matin. Ils ont habité cinq ans à LB, à la mer aussi, à côté chez ma maman. Il est tout petit le monde.

Pour en revenir aux cartons, les mauvaises surprises se sont un peu trop accumulées. Outre la vitre cassée (grande, lourde et peu fragile - mais que s'est-il passé ?), on a retrouvé des livres endommagés, des boites cassées, un fauteuil abîmé, la table en cuir rayée, etc.

Mais le pompon ce fut hier. La rentrée. 7h. Je me lève. Ma tête tourne, mon corps ne réponds pas. Quelques secondes et la terre revient à peu près à sa place. Enfants levés déjà. Ce n'était pas gagné après la semaine de fous que nous avons passée (déménagement, cité des sciences - on devine... -, restaus, ballades, couchers tard). 8H05, on va au coin de la rue pour attendre l'autobus. Marie et Antoine sont aussi au poste. La maman et son fils de l'âge de Boulette.

...

Bon, je reprends... Le temps file... On est samedi, de retour de la plage, on passe à table entièrement préparée par Ernest (au poil) et je viens de traiter encore quelques cas de publications en retard pour notre congrès (on verra le cas congrès plus tard, merci, oui je bosse, à l'oeil toujours...). J'ai enfin réussi à brancher les hauts-parleurs sur l'ordi des jeux des enfants avec les photos qui défilent pendant que j'écoute FIP, c'est cool (suis-je claire ?) !

Alors quoi ? Jeudi. Je prends un café avec Marie une fois les enfants dans l'autobus. On papote de nos vies respectives, je rentre à la maison pour faire ma gym, allongée donc. Je me lève pour baisser un peu les persiennes, cause voisins, je cherche la tranquillité quand je m'étire. Enfin, je tente de me lever. La terre tourne trop vite à nouveau, ma tête valse, j'ai une envie de gerber épouvantable, je ne vois plus rien, c'est tout flou. Au bout d'un moment infini, j'arrive à avancer à quatre pattes jusqu'aux toilettes ocazou pour éviter des dégâts sur mon beau tapis tout propre. Je me traîne. Non, décidément ça ne va pas. Je m'allonge pour ne pas tomber dans les pommes, pas la peine de compliquer le problème. La porte sonne. C'est Penelope. A quatre pattes, à deux à l'heure, j'arrive à ouvrir. Je m'écroule dans le fauteuil de l'entrée. Je revis petit à petit en parlant avec Penelope. Combien de temps tout ça ? Une bonne heure, je crois. Je peux enfin me lever, je pars aux urgences. L'attente commence, ma tête tourne encore mais ça va. Le docteur est rassurant, un tel malaise est bénin. Mais comme je me plains d'un mal de nuque ou de cervicale, il m'envoie faire une radio. De nouveau attente. J'ai la dalle, peur d'avoir un malaise d'un autre type. Le temps de manger un tostado de tomate, de faire trois fois le tour du quartier de l'hosto, de patienter encore une heure et je revois le docteur puis le spécialiste. Verdict : ma colonne vertébrale est fatale (encore un espagnolisme), à l'envers (enfin faisant une courbure inverse) de la normale avec des petits os qui traînent là où ils ne devraient pas. Bref, de l'arthrose avancée. De famille. On lance les examens pour voir si aucun membres ne peut être gênés par un nerf coincé par un os en vadrouille. Voilà une bonne façon d'entrer en connaissance avec sa nouvelle ville, non ?

Jeudi soir, Mon minou et Boulette rentrent heureux du lycée français, ça c'est chouette ! On part aux courses aux fournitures (dont de quoi recouvrir les livres, le cauchemar des mamans donc)...

...

Lundi soir, le 6. Boulette a encore adoré sa journée et Mon minou réclame de nouvelles fournitures (« Non !!! »). Antoine est venu goûter à la maison avec sa maman. Ils ont joué au foot dans la courette intérieure de notre appart. Ça change des bruits des travaux auxquels j'ai eu droit toute la journée. Enfin quand j'étais là. Car j'ai aussi été découvrir les joies de l'IRM pour en savoir plus sur l'état de ma nuque. Vingt minutes dans un tube à peine gros pour t'enfourner. Du boucan plein les oreilles. Surtout fermer les yeux et penser au prochain rendez-vous avec le maître de Mon Minou ou la maîtresse de Boulette. Ou encore aux expositions que j'aurais pu visiter, aux musées jolis, au mercado pittoresque, aux cathédrales aux milles tours, à la plage et puis, pourquoi pas, tiens, un peu au travail qui m'attend depuis deux mois que je suis à fond concentrée sur le déménagement à jeter, trier, donner, réparer, racheter, vider, etc. La manutention grandeur nature. Du coup, on a réussi à emménager en moins d'une semaine et moi à me faire un malaise du tonnerre. Pas d'écriture professionnelle, juste un peu d'organisation pour l'association de recherche qui m'a élue secgen (voir les cas congrès et publications en retard) et quelques lectures pour Lilith (groupe de travail dont je parlerais peut-être un jour - voir aussi autre post « journal d'un e.c. en dispo »).